Bricolage

Longtemps j’ai pris plaisir à feuil­leter es cat­a­logues de super­marché. Je pas­sais vite sur les ali­ments pour m’at­tarder sur l’élec­tromé­nag­er, la hi-fi et le jardin, mais ce que préférais, c’é­tait les offres des cen­tre de brico­lage: d’abord parce que les cat­a­logues avec l’é­pais­seur des livres, ensuite parce que l’on pou­vait les con­sul­ter dans un esprit de jeu, chercher si tel tableau élec­trique était com­pat­i­ble avec tel salle de bains, tel mélange de plâtre avec tel car­relage. Pour aug­menter le plaisir, je dis­po­sais devant moi les cat­a­logues de plusieurs enseignes et un sty­lo à la main je com­para­is les pro­duits. Savoir que l’ensem­ble du marché visait à four­guer de la camelote chi­noise à la classe moyenne inférieure ne m’ar­rê­tait pas. Con­stru­ire ou entass­er per­me­t­tait en théorie de garan­tir la vie con­tre les offens­es du temps. Aujour­d’hui, j’ai com­pléte­ment renon­cé à ce plaisir. Ou plutôt, j’en ai trou­vé un qui est plus per­vers: feuil­leter les mêmes cat­a­logues pour retrou­ver la sen­sa­tion d’autre­fois tout en sachant que je n’achèterais pas le plus petit boulon.