Mois : mars 2016

Langue

Les jeux de mots ne m’in­téressent pas. Je n’aime pas le jeu et je préfère la rai­son aux mots sans raison.

Conférencier

Au moment où il devait pren­dre la parole en pub­lic, il fal­lut se met­tre en quête du grand con­férenci­er. On le trou­va dans la cour, occupé à diver­tir les enfants pour se désennuyer.

Eve

Quel que soit le prénom de la prochaine femme que je ren­con­tr­erai, elle s’ap­pellera Eve (comme Lawrence Dur­rel qui, après chaque sépa­ra­tion, aimait à regag­n­er le paradis).

Soupape

Dans les apparte­ments voisins, les enfants écla­tent soudain de rire, pleurent, cri­ent, hurlent. Scènes brusques et lim­itées dans le temps comme si, après une accu­mu­la­tion d’én­ergie, le trop plein fai­sait sauter la soupape”.

Américains

La respon­s­able d’un cer­cle d’ex­pa­triés améri­cains me con­tacte par mail. En anglais, elle indique avoir lu un arti­cle sur Forde­troit et m’in­vite à don­ner une con­férence. Avant de con­naître mon sen­ti­ment, elle établit la liste des sujets que j’au­rais à évo­quer. Dans ma réponse en français, je lui sug­gère de lire le livre. Elle assure qu’elle le fera et me presse de répon­dre. En quelques mots, je pré­cise que je n’ai pas de sym­pa­thie pour l’Amérique et que j’ab­horre l’idéolo­gie du Poli­tique­ment cor­rect. Elle se réjouit d’en dis­cuter et demande mes disponi­bil­ités. Hier, nous tombons d’ac­cord sur le mois de novem­bre. Il lui faut un titre. Je réponds que le titre du livre devrait suf­fire, puis, aimable, invente un sous-titre. “Après réu­nion avec le comité, écrit-elle par retour de cour­ri­er, nous jugeons unanime­ment que vous devriez pro­pos­er un titre plus vendeur”.

Routes

Et si l’on détru­i­sait toutes les routes? L’avenir ne serait-il pas aus­sitôt aux solutions?

Vice de pensée

Métaphore sur l’im­mi­gra­tion. Si un paquet de Smar­ties con­tient un bon­bon empoi­son­né, per­son­ne n’y touchera.

Ménage

Chaque mar­di paraît au bureau l’homme de ménage, un Suisse émacié qui évoque les fig­ures trag­iques des pein­tures d’El Gre­co. Avec une lenteur styl­isée, il évolue dans le local, con­tour­nant les meubles, chif­fon­nant la pous­sière dans les recoins, se déhan­chant pour pass­er l’aspi­ra­teur à tra­vers le chaos. Comme je lui demande des nou­velles de son tra­vail, il avoue qu’il est con­fron­té à une sit­u­a­tion insol­u­ble: les Por­tu­gais qui tien­nent le marché ne veu­lent pas d’une Suisse. Favorisant leurs conci­toyens, les employeurs de la place rejet­tent toutes ses deman­des de travail.

Positif-négatif

Pourquoi le négatif per­suade-t-il mieux que le posi­tif? Par le négatif, il y a quelque chose à attein­dre. Pour attein­dre, il suf­fit d’agiter le négatif tel qu’il est énon­cé, alors que le posi­tif, s’il n’ex­prime pas ce que je suis, me met en devoir de devenir et cela par des moyens qu’il n’énonce pas.

Football

La fas­ci­na­tion pour le foot­ball s’ex­plique de bien des manières. Quant à sa trans­mis­sion, le pre­mier réflexe est de l’ex­pli­quer par l’im­i­ta­tion: les enfants jouent avec le père puis avec leurs enfants. Or, à bien observ­er les enfants, surtout les petits, ce qui les fascine c’est le fait que la sphère roule dans des direc­tions aléa­toires et cer­taines, phénomène qui ren­voie instinc­tive­ment au mys­tère de la volon­té. Lis­i­ble dans les yeux de l’en­fant, c’est cette fas­ci­na­tion qui per­siste chez l’adulte.