Chaque mardi paraît au bureau l’homme de ménage, un Suisse émacié qui évoque les figures tragiques des peintures d’El Greco. Avec une lenteur stylisée, il évolue dans le local, contournant les meubles, chiffonnant la poussière dans les recoins, se déhanchant pour passer l’aspirateur à travers le chaos. Comme je lui demande des nouvelles de son travail, il avoue qu’il est confronté à une situation insoluble: les Portugais qui tiennent le marché ne veulent pas d’une Suisse. Favorisant leurs concitoyens, les employeurs de la place rejettent toutes ses demandes de travail.