“Je marchais au pas avec les autres, mais, malgré tout, à part des autres. Je tremblais encore de ma dernière émotion comme un pont sur lequel vient de passer, en tonnant, un ancien train de chemin de fer. J’avais conscience de moi. Or, seuls ont conscience d’eaux-mêmes, seuls reconnaissent leur individualité, l’œil dans lequel vient de tomber une poussière, le doigt écorché, la dent malade. L’œil, le doigt, la dent n’existent pas lorsqu’ils sont sains. N’est-il pas clair, dans ce cas, que la conscience personnelle est une maladie?” Eugène Zamiatine, Nous autres.