Chinois

Chaque ville, vil­lage, quarti­er et bien­tôt chaque rue a son com­merce chi­nois, tenu par une famille, ouvert de l’aube au couch­er du soleil. Plus proches de l’en­tre­pôt que du mag­a­sin, ces com­merces ont la par­tic­u­lar­ité d’être sans vit­rine. Une sim­ple ouver­ture dans le mur de façade donne accès au local. A la nuit, le pro­prié­taire tire un rideau de fer. A l’ex­cep­tion de la phar­ma­cie, des meubles et l’al­i­men­ta­tion, tous les pro­duits sont représen­tés. Bien que vastes, les locaux ne suff­isent jamais à les con­tenir tous et les éta­lages, chargés jusqu’au pla­fond et ser­rés les uns con­tre les autres, per­me­t­tent à peine à deux clients de se crois­er. La lumière de l’ex­térieur ne pénètre pas dans le local, des bar­res de néons éclairent la marchan­dise. Le sché­ma étant labyrinthique, l’habi­tude veut que l’on demande son pro­duit à l’en­trée du mag­a­sin. Le pro­prié­taire ou sa femme vous guident alors jusqu’au pro­duit. Ou plutôt, vous guidait. En effet, il y a dix ans, lors de l’im­plan­ta­tion de ces com­merces, l’un de mem­bres du cou­ple vous emme­nait dans le mag­a­sin tan­dis que l’autre gar­dait la caisse. Puis est venu le cousin, le neveu, bref une chi­nois d’im­mi­gra­tion plus récente. Le cou­ple, cri­ait en direc­tion des rayons un mot et il sur­ve­nait, aphone, empressé, vous indi­quait l’emplacement où chercher. Cela vient à nou­veau de chang­er: désor­mais, le cou­ple chi­nois se tient près de la caisse, devant l’ou­ver­ture, afin de prof­iter du peu de lumière qui pénètre dans le local et un ado­les­cent espag­nol arpente les rayons et répond à l’ap­pel des ses patrons lorsqu’un client veut obtenir un ren­seigne­ment (on imag­ine son salaire). Quant au cousin, il ouvert son pro­pre magasin.