Bonheur

Ma vie est ent­hou­si­as­mante; il ne s’y passe presque rien. A Fri­bourg déjà, je cher­chais à attein­dre cet état, mais la société suisse s’y prête mal: qui se met en retrait est bien­tôt rat­trapé, qui insiste est puni. Et que devi­en­nent les journées sous ce grand soleil? Je lis, je me promène sur la ter­rasse, je mange au restau­rant avec les ouvri­ers, je mets mes bières au frais le matin que je bois le soir. Six heures par semaine, j’ap­prends le com­bat. Autour de moi des gens clames et servi­ables, et surtout, indif­férents. Con­quête supérieure, je ne suis le jou­et d’au­cune admin­is­tra­tion. Dans ces cir­con­stances, on réalise à quel point les fonc­tion­naires sont des agents de cauchemar. Pour le reste, les oiseaux volent bas, la mer est bleue, la plage est déserte et je n’ai plus de voiture. A portée de main, j’ai une char­cu­terie, un maraîch­er et un four à pain. Le same­di, près des maisons des pêcheurs, une dame fait du riz aux crus­tacés , une autre coud. Dans le vil­lage voisin, il y a un cor­don­nier. Les Chi­nois vendent du papi­er et des sty­los et tout ce qu’on peut imag­in­er. je dors et je me réveille quand cela con­vient. J’écris de même.