Voilà deux ans que Gala me rabâche les oreilles avec son Munich. Quand vous lui demandez pourquoi elle veut y aller vivre, elle vante le Schwabing des années 1980. Je fais remarquer qu’il a disparu (nous l’avons constaté dès notre premier séjour, en 2012). “Oui, objecte-elle, mais cela ne change rien: il y a le Jardin anglais. Du reste, justifie-t-elle, maman était blonde et dans la famille, à Padoue, nous avons toujours aimé la Bavière. Je fais remarquer que Schwabing et le Jardin anglais sont les quartiers les plus huppés de la capitale, donc les pus chers. Pour peu qu’un Allemand (cela s’est produit plusieurs fois lors de notre récent du voyage en Asie) fasse valoir qu’aux yeux des habitants des autres Länder, Munich est un ville de traditions, peu tolérante, riche et onéreuse, Gala rétorque: “en fait, je veux aller habiter à Munich pour faire du vélo à plat.” Or, c’est ce que nous faisons aujourd’hui, sur sa demande, à Malaga: nous louons quatre vélos Plaza de la Marina, traversons le port de plaisance, doublons le phare, explorons la jetée où mouillent à la saison haute les bateaux de croisière, ces bateaux-immeubles de 4000 passagers (il n’y en pas en février), revenons sur la plage de la Malagueta, roulons jusqu’au Balneario — distance que je connais bien puisque le tracé du marathon emprunte ce quai — et nous installons contre les blocs de brisée pour boire de la bière sous un soleil radieux. Aux enfants, je montre les garages sur le bas côté de la route, squattés il y encore peu par une communauté de clochards qui bénéficiaient ainsi d’un ouverture imprenable su la mer, allumaient des feux, buvaient et dansaient, tandis que Gala conquise ne parle plus que de Malaga, de sa lumière, de sa culture et du vélo qu’on peut y faire à plat. Nous roulons ensuite sur cinq kilomètres, le long des anciennes habitations de pêcheurs et mangeons au Tintero II, ce restaurant de mer où les plats son vendus à la criée.