A l’occasion du tournage, l’an dernier, d’un film hollywoodien relatant une amitié entre une Américaine et une Laotienne, Lis emmène l’équipe de réalisation dans la grotte de Banfai. Selon ce qu’il m’explique, la différence principale avec le fleuve souterrain de Lor est qu’on ne peut déboucher à l’autre extrémité de la grotte. Le site est plus dangereux, le cours d’eau pus long, les piroguiers, à raison, plus méfiants. Et pour conjurer le mauvais sort, avant de s’engager, ils sacrifient un porc. Ce qui fut fait avant d’embarquer le réalisateur et son équipe. Or le tournage prend du retard, la nuit tombe, les piroguiers s’inquiètent. Il reste une scène à finir, les Américains promettent de l’argent. Les Laos cèdent, puis gagnés par la peur rendent l’argent. Quatre d’entre eux s’en vont. Restent deux pirogues. Pour ramener les membres de l’équipe, Lis devra faire deux voyages et ramer lui-même sur un cours d’eau qu’il n’a jamais navigué — un film dans le film.