Décrochage

De même que le renou­velle­ment des généra­tions est néces­saire afin de détru­ire l’ex­péri­ence acquise (la trans­mis­sion du savoir assure le min­i­mum req­uis pour la con­ti­nu­ité), il est néces­saire de dépouiller cyclique­ment les civil­i­sa­tions de leurs attrib­uts et de les détru­ire. Par la nais­sance et la mort, la nature pour­voit à la suc­ces­sion des généra­tions. Quant aux sociétés, seule la volon­té peut les détru­ire. La suc­ces­sion est ici obtenue par la sape des forces éduquées et le change­ment pro­gres­sif de par­a­digme. Or, dans une con­stel­la­tion de sociétés for­mant civil­i­sa­tion et qui atteint son max­i­mum his­torique, la destruc­tion ne peut venir de l’ex­térieur: il y faut un retourne­ment de la volon­té con­tre elle-même. Bour­reau et vic­time ne faisant qu’un, celle-ci s’ex­prime sous l’aspect général du masochisme. Le prob­lème que ren­con­tre notre Occi­dent en ce début du XXIème siè­cle est celui de l’in­ca­pac­ité morale à assumer un état du développe­ment tech­nique, et par­tant cul­turel, sans com­mune mesure avec le reste des nations con­sti­tuées. Le dilemme est le suiv­ant : l’as­sume­ri­ons-nous, nous dis­paraîtri­ons par extinc­tion des recours naturels (extérieurs, ceux de l’environnement; intérieurs, ceux de la repro­duc­tion); ne l’as­sumant pas, nous dis­parais­sons en détru­isant l’ensem­ble des acquis civil­i­sa­tion­nels qui nous dis­tinguent des nations primitives.