Ce qu’on apprend la nuit et que l’on se répète pour se le remémorer de jour, quelle que soit la mnémotechnique, est en partie perdu. Ce qui peut-être sauvé ne l’est pas en fonction de la nature, du contenu, mais en fonction de la quantité. Mettons que j’exprime une idée en deux phrases. Je me les redis. Un peu plus tard, je me les dis encore, dans la même forme. Entre temps, j’ai pensé à autre chose et procédé de même avec cette autre chose. Puis, j’ai une autre pensée. Au mieux, je retrouverai en situation diurne deux de ces trois pensées (qui elles même font partie d’un nombre très grand de pensées obtenues dans ces conditions). D’où le sens de ce “en partie” mémorisable. Comme si la mémoire, dans les phases du demi-sommeil, perdait largement de sa puissance de captation. Ce qui veut aussi dire que nous avons là, dans la nuit, une pensée qui fonctionne sur un autre registre, une pensée qui fonctionne librement mais ne peut-être transmise, pas même de soi à soi-même.