L’économie d’abondance, par opposition à l’économie de la rareté telle que l’organise le capitalisme, apparaît de prime abord comme la situation entre toutes enviables et cela, tant pour la sécurité biologique que pour l’épanouissement de la vie, mais sauf à privilégier de façon naïve une vision romantique des stades de l’économie (je préfère le Rousseau du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes) force est d’admettre que dans ce régime hypothétique d’un échange idéal entre l’homme et son milieu, il n’y a pas de recherche de sublimation, donc pas d’art, seule activité qui distingue absolument l’homme de l’animal. L’art permet à la liberté humaine de se réaliser. A la limite, par cette pratique qui est toujours une aventure, c’est à dire une expérience de l’inconnu, l’homme prouve sa liberté. Ce n’est pas un hasard si dans les grands classiques de la science-fiction, la destruction de l’art, et d’abord du langage, son outil, condamne l’homme à la totalité: sans expérience de l’inconnu, la répétition du même inscrit l’homme dans une totalité qui est proche de celle que connaît le règne animal.