Ecriture

Au Café du Tun­nel, dans la salle voûtée, avec vingt-cinq étu­di­ants et Marie-Chris­tine Horner, pour une dis­cus­sion sur la lit­téra­ture. Pourquoi écrivez-vous des romans? Réponse aisée de mon côté: je n’en écris pas. Rires dans le pub­lic. Puis une série de ques­tions à tiroirs qui nous amè­nent à débat­tre d’esthétique et d’his­toire. Plus étrange, cette ques­tion: vous con­sid­érez-vous comme un écrivain fri­bour­geois? Réponse: unique­ment quand je me trou­ve à Paris. Puis cette inter­ro­ga­tion quant au des­ti­nataire du texte. Depuis des années, je tranche de la même façon: je ne pense pas au lecteur. L’une des étu­di­antes se lance alors dans un vaste raison­nement sur l’im­pos­si­bil­ité d’écrire sans penser au lecteur. Je per­siste et la laisse con­clure. En fin de séance, l’a­mi de Marie-Chris­tine Horner me prend par l’é­paule. Il est hilare. Il s’a­muse de ce que l’é­tu­di­ante sache exacte­ment ce que c’est que d’écrire et entre­prenne de l’ex­pli­quer aux écrivains que nous sommes. Nous quit­tons la salle voûtée, remon­tons des caves et prenons un verre à l’é­tage autour de la table des livres. Inquiète, C. me demande:
- Tu as par­lé du don. D’après toi je l’ai ou je ne l’ai pas?