Visite

Des locataires qui ont déposé leur dossier auprès de la régie vis­i­tent l’ap­parte­ment. Ils avan­cent à pas feu­trés, s’ex­cusent. Cer­tains veu­lent savoir pourquoi je quitte un si bel apparte­ment. Je les ras­sure: c’est sans rap­port avec l’ap­parte­ment. Puis je m’arrange pour leur don­ner un rai­son effrayante. Leur réac­tion est épatante. Ils se deman­dent si je plaisante. Voy­ant que je ne plaisante pas, ils veu­lent réa­gir. Ne sachant que dire, ils se taisent et con­tin­u­ent la vis­ite. L’un des cou­ples, anglo­phone, lui Tamoul, elle blanche, comme nous sor­tons sur le bal­con, pointe de l’autre côté de la rue.
- Nous habitons en face.
- C’est un beau quarti­er, dit la femme, mais il est immo­bile, on ne voit jamais per­son­ne.
Je me retiens de lui dire que c’est bien ain­si: il y a beau­coup trop d’hommes sur cette terre.