Mercredi dernier, Gérard Berréby introduit la journaliste de France-Culture dans son bureau des éditions Allia à Paris. Celle-ci lui passe sous le nez sans saluer, me dit bonjour sans tendre la main. Gérard se présente et s’efface.
- Je vous laisse.
La journaliste, bronzée, agitée, mince, plus que cela, maigre, sort de son sac une enregistreur miniature qu’elle manipule puis pose sur la table.
- Voilà, vous lisez quelques pages de votre livre, la fin sera suspendue.
- Suspendue?
- Comment? Ah, oui: on coupera.
- Je pourrais lire ce passage…
- Non, le principe, c’est que l’auteur lit les première pages. Lisez du début à la page quatorze.
- Avec les titres?
- Sans.
- Allez‑y!
Je commence.
- Voilà, c’est bon. On peut y aller.
- Je recommence?
- Oui, allez‑y!
Quatre pages plus loin:
- C’est bon, arrêtez!
Elle rembobine, retire un casque d’écoute de son sac à main, le coiffe, écoute.
- Très bien. Merci.
Elle se lève, va sortir.
- Au revoir!
Elle se retourne.
- Oh, je pensais que vous veniez avec moi.
Et part pour de bon. Quatre minutes de lecture, le double entre l’apparition de la journaliste et sa disparition.