Veille du tour de Castille

Ce 21 juin, nous prenons à Coin­trin l’avion du soir pour Madrid. A l’aéro­port de Bara­jas, plusieurs taxis refusent de charg­er les vélos pour­tant pliés et mis en cof­fre. Une étu­di­ante plas­tron­née s’agite un sif­flet entre les lèvres. Elle lève les bras, les abaisse, elle est sur­menée. A en juger par le regard des touristes, on dirait que nous bal­adons des cer­cueils. Un chauf­feur finit par se dévouer. Il rabat les ban­quettes et entasse nos cof­fres. Je me glisse à l’hor­i­zon­tale dans la voiture, nous par­tons pour la rue Lavan­da. Nœuds d’au­toroute, pas­sages sous-voie, zone d’usines, puis, devant un square où flir­tent les amoureux, la vil­la des Freuler, palis­sadée, tran­quille, chaude. Il y a vingt ans que je n’ai pas vue cette amie. Désor­mais mar­iée avec trois enfants, elle nous accueille deux ver­res de bière à la main. Nous mon­tons les vélos de course dans le jardin, tro­quons nos jeans pour des cuis­sards, échangeons quelques mots sur la ter­rasse, puis rangeons les cof­fres dans on garage. Il est vingt-trois heures. Mon­frère a le nom et l’adresse de l’hô­tel où nous devons dormir, mais pas de plan de la zone. Notre amie nous embar­que dans son break et pro­gramme le GPS. Nous tournons dans le quarti­er. Elle nous dépose à un car­refour. Pour la sec­onde fois, nous mon­tons les roues sur les cadres. Nous deman­dons notre chemin. Nous atteignons l’hô­tel Täch. Com­ment l’on peut don­ner ce nom à un hôtel en Espagne, la phoné­tique de la langue ne per­me­t­tant pas de pronon­cer cette suite de sons, je l’ig­nore. En fin de compte, nous voici à minu­it, au bar de la récep­tion, en attente d’une com­mande de ham­burg­ers tan­dis que décol­lent les derniers avions de la journée et qu’un cou­ple hol­landais voy­ageant en car­a­vane partage une bouteille de cham­pagne servie dans un seau à pied.