Tout à l’heure, en vieille-ville de Bienne, sur la terrasse du café Les Caves, en plein soleil. C’est l’après-midi, une seule table est occupée. J’entends mon nom. On me hèle. Les deux hommes qui attendent sont les journalistes, l’Asiatique, une écrivain. Elle finit son verre de thé rouge glacé tandis que, me souvenant de sa contribution au volume collectif sur Walser et Rousseau, je lui dis avoir trouvé son texte étrange; elle s’en va me laissant sa carte. Arrive l’éditeur, coiffé d’un chapeau de paille, la chemise déboutonnée, le cheveu rincé de sueur, jovial. Puis le cameraman et l’intervieweur quittent la terrasse, répètent l’approche, approchent en effet de la table où je bois désormais seul.
- Stop!
Ils recommencent. Au troisième essai, le journaliste tend le micro, dit mon nom, me pose une question. Je réponds. Une autre question. Je réponds. Puis il annonce:
- Pour l’image, c’est bon. Maintenant, on va faire le son. Je vais vous poser les mêmes questions et vous y répondrez comme auparavant.
Une question, puis deux. Puis il refait la première, fait la troisième, recommence la deuxième.
Voilà ce que devient la réalité. Que ne pose-t-on tout de go des questions auxquelles je répondrai comme je peux?