Rock

Arrivant hier de l’aéro­port Bara­jas en métro autour de 22 heures, nous descen­dons à Alon­so Mar­tinez et gagnons la Gran Via à pied. Deux punks de soix­ante ans, cheveux longs et crânes dégar­nis, bras et poitrine bar­i­olés de tatouages, les oreilles et le nez per­cés vien­nent en sens inverse. Je les désigne à Mon­frère.
- Ils ont fini leur journée, ils ren­trent.
- Tu les con­nais?
- Oui.
- Et que font-ils?
- Depuis qu’ils ont arrêté de boire, plus rien.
Tout à l’heure, comme nous cher­chons une salle de con­cert près de la Plaza del sol, nous faisons un détour par la Gran Via. Mon­frère me désigne une bar­rière à la hau­teur du pas­sage pié­ton. Les punks sont là. “Un cou­ple”, dit Mon­frère. Cos­tume gris, chemise blanche et mocassins, il s’a­vance et leur tend la main. Nous par­lons de Judas Priest et d’AC/DC qui joue ce soir à guichets fer­més au stade San­ti­a­go Bern­abéu. Après nous avoir indiqué l’adresse de La Boîte, la salle où a lieu notre con­cert , celui qui porte le col­lier de chien et dix bagues aux mains nous ser­monne:
- Vous ver­rez, tout va mieux quand on arrête de boire! Nous, avant, on s’en­tre­t­u­ait!
Mais la porte de La Boîte est fer­mée. Pas d’avis d’an­nu­la­tion. Il s’ag­it d’un con­cert de Today is the day, le groupe de hard­core tex­an. Nous allons saluer un ami dans un bar puis achetons une cara­bine et des jumelles. A 23 heures, la salle est tou­jours fer­mée. Nous quit­tons le quarti­er lorsqu’un attroupe­ment de jeunes por­tant des T‑shirt rock attire notre atten­tion. Mon­frère se ren­seigne. Ceux-ci croient qu’il les provo­quent et en effet, à en juger par notre habille­ment, com­ment se douteraient-ils que nous con­nais­sons les mem­bres du groupe? Ils finis­sent par désign­er un bar: le con­cert a été déplacé.
- Et com­ment le sait-on?
- On ne peut pas savoir.
A l’en­trée, nous apprenons que Today is the day a annulé. A la place, le groupe de pre­mière par­tie, assur­ant seul la tournée. Groupe bruyant et médiocre que les Espag­nols jugent excel­lent. Du doom cacoph­o­nique. Lorsqu’il joue à domi­cile dans une mai­son de quarti­er ce groupe ne doit pas rameuter plus de dix gosses .