A bord du train bondé et silencieux qui me ramène de Lausanne, je songe à trois images de cinéma. Dans 2001 Odyssée de l’espace, le long plan qui montre les ingénieurs assis face à face dans la navette qui les conduit vers le site où a été exhumé le monolithe. Intériorité de concentration. Dans le film de Wenders, Les Ailes du désirs, le premier plan, en survol, où les phrases de Handke sont lues en voix-off tandis que la caméra s’accroche à des personnages silencieux choisis au hasard dans la ville. Intériorité dialoguée. Enfin, à cette scène de Tarkovski — est-ce dans Nostalghia? — où l’on voit des individus enfermés entre trois murs (il a donc fallu qu’ils entrent dans cet espace, mais il apparaît vite qu’ils ne savent comment en ressortir), se heurter comme des pantins. Intériorité détruite.