Chaque fois que je me couche, et c’est plus d’une fois par jour, je me félicite du confort de mon lit. Cela prend des airs de conquête. Naïvement, tel un gosse, je me répète: que je suis bien, que le contact des draps est doux. Et avant de penser à tout, affaire de quelques secondes, je ne pense qu’à cette sensation d’aise. Est-ce là, inconsciemment, la découverte d’une sensation que j’ai volontairement et constamment, dans un but louable mais absurde, battu en brèche en dormant dix années de suite sur des installations mortifiantes, planches nues, palettes exposées au froid, moquettes jetées au sol?