Le palais royal, carré de forme et ceint d’une muraille couleur crabe, occupe l’équivalent de plusieurs quartiers. Il imprime son silence au capharnaüm de Mandalay. Le coeur de la ville ancienne, composée de pavillons de bois rouge, est symétrique. Le contraste est donné par les bâtiments royaux, couleur or. Une tour de garde circulaire, munie d’un escalier tournant, extérieur, permet de monter à quelque trente mètres. Revenu sur terre, je me promène entre les pavillons. Tous sont vides. Les allées sont plantées d’herbe. Nouveau contraste de couleurs. Pendant dix minutes, je ne croise personne et songe que cette architecture ne communique cette spiritualité austère que parce qu’il est dépolitisé. Lorsque le pouvoir y tenait ses quartiers devaient s’agiter là toutes sortes de chambellans, conseillers, secrétaires, gardiens, courtisans, dignitaires. Un petit musée finit la visite. On y trouve les costumes et des photographies de ces gens de régime. Au bas des clichés, la mention: République Fédérale d’Allemagne. Tout ce monde a été photographié, à l’époque de son règne, qui, en dépit de ses moeurs, lesquelles peuvent sembler médiévales, remonte au 19ème. On imagine le chargé d’ambassade ayant apporté dans la ville sacrée un appareil-photo.