Doha 3

Sur les pistes d’en­vol, le A320 ressem­ble à un jou­et. Le vol suiv­ant me rap­pelle aux réal­ités de la société de masse. Les portes pour l’Asie, Hanoï, Kuala Lumpur, Tokyo, sont regroupées dans une aile de l’aéro­port, mille voyageurs s’en­tassent là, européens, majori­taire­ment nordiques, mais aus­si slaves et des musul­mans, en cohorte, embal­lés dans leur tis­su, égarés, surtout javanais. A bord, un siège à côté d’un cou­ple d’Anglais aimable et cor­pu­lent. Je leur mon­tre la pilule que je vais avaler et j’aver­tis:
- Si vous devez vous lever, poussez-moi! Me réveiller est impos­si­ble.
- Nous n’au­rons pas à sor­tir, répond le mon­sieur.
J’en­fonce alors mes tam­pons, relève mon tour de cou, cale le masque de som­meil sur mon nez et me cou­vre la tête d’une cou­ver­ture. Je me réveille trois heures plus tard pour le repas, me ren­dors après le café, me réveille à l’an­nonce de l’at­ter­ris­sage.
- Vous tra­vaillez en Asie? Fait la dame.