A Berne, en quête d’un visa pour la Chine. Le temps est glacial. Place de la gare, je m’efforce de trouver ma destination sur le plan qu’affiche les distributeurs de tickets du réseau de tram. La ville est belle, grise. Charme massif des pierres. Passant le pont sur l’Aare, je constate que je n’ai jamais pris la peine d’explorer Berne. Sur les berges de la rivière, des coureurs couverts de bandelettes à la façon des momies, sous les arcades anciennes, attablé à une terrasse, deux dames qui prennent le café et fument. Scène étrange qui choquerait un méridional. Il fait — 3. Descendu Brunnerstrasse, je pars dans la mauvaise direction et, conformément à mon habitude, persiste. L’alignement des chancelleries d’ambassade m’y engage. Puis je tourne le plan et change de direction. Derrière une église, la ruelle que je cherche. Une grille de sécurité à mi-hauteur. Elle est ouverte. Aux hampes, dans les jardins, des drapeaux de plusieurs pays. J’aperçois celui de la Chine. En face, dans des locatifs, les Suisses ont hissé le drapeau suisse. Dans une cabine, un militaire. Une femme. Je lui souris. Elle me salue. Je la salue. Je suis devant le drapeau chinois au moment où coulisse une barriére géante dans un bruit d’huile. Un pas en avant, me voici dans la cour. D’une Mercedes luisante, s’extrait alors un Chinois. Il se précipite, demande ce que je veux en Allemand. C’est l’ambassadeur, je suis dans sa propriété.
- Zuruck und links.
Par une ruelle qui longe un mur de façade. Si je tends le bras, je touche de l’autre côté. Leur consulat est enfoui dans un repli de la ville. Une échappée entre deux bâtiments m’amène toutefois à vérifier une paradoxe: il est immense. Ne doivent y accourir que les plus opiniâtres. Ceux qui vont seuls. A ceux-là le site de la délégation singifie qu’aucun papier ne sera délivré par la poste. Sinon, qu’ils s’adressent à une agence. Un tourniquet, une cloison de double vitrage, une salle, et au fond de la salle, un guichet derrière son vitrage.
- Non ce n’est pas possible.
Me voici renseigné. Or, je n’ai pas posé ma question. Quan je la pose, la fonctionnaire, tout en parlant à sa voisine qui s’esclaffe, confirme:
- Billet d’avion, confirmation de l’hôtel. Tous les hôtels, tous les jours.