Désintérêt complet pour le travail rémunéré. Les efforts des dix dernières années sont payants, le salaire tombe. Dans les années 1990, occupé pour la première fois dans un bureau, je cherchais le rapport entre mes tâches (passer des fax, classer des documents, répondre au téléphone) et l’enveloppe que me remettait le patron à la fin du mois. Je n’en trouvais pas. Plus tard, la réflexion autour de l’organisation de la société d’affichage me faisait le même effet. Aujourd’hui, le découplage est encore vrai et pourtant je suis passé du statut d’employé au statut, pourrait-on dire, de rentier. Le rapport travail-argent n’a été concret que pendant une dizaine d’années, lorsque je posais des affiches la nuit dans Genève. Quand un client refusait de payer, je montais au créneau. L’argent m’intéresse avant tout sous la forme du jeu: concevoir une affaire, la monter, la faire aboutir. Il est au principe et à la fin de l’affaire, mais c’est l’effort et l’ingéniosité qui constituent le cœur de la motivation.