Hier avec le prisonnier dans un café de la place. Son regard changeant et furtif, son port de tête nerveux, sont ceux d’un homme qui a perdu la tranquillité. Il remue, se dandine, se retourne. Lorsque la serveuse approche, il s’interrompt. Il attend qu’elle s’éloigne, avant de reprendre la parole. La conversation porte sur la vie des légionnaires, les zones-tampons en méditerranée, le trafic de matières premières. Il m’explique les filières, donne les sommes à payer pour corrompre les douaniers et les autorités aéroportuaires, dessine plusieurs organigrammes des pouvoirs politiques en place dans des états voyous d’Amérique centrale et de la corne de l’Afrique. Puis il me demande du travail. En attendant, précise-t-il.