Lieux de départ

Je ne cesse de me dire, ce n’est pas là qu’il faut être, ce n’est pas cela qu’il faut faire (hormis l’écri­t­ure, qui est insé­para­ble). Où faut-il être? Nulle part. Il ne faut pas demeur­er, il faut tra­vers­er. Pass­er d’un lieu dans un autre. L’in­stal­la­tion n’a de sens que dans un lieu sans his­toire (ou du moins dont on ignore l’his­toire). Il appa­raît à mesure, selon les efforts engagés. Une fois con­sti­tué, il est temps de par­tir. Un lieu achevé, un lieu qui impose ses déter­mi­na­tions, quel intérêt? Dans la vieil­lesse, oui, mais aupar­a­vant? Mar­qué par un mys­ti­cisme sans doc­trine, je plaide pour le démi­urge: aux pris­es avec le néant, l’homme devient dieu en sus­ci­tant le monde. Aucune con­nais­sance n’est req­uise, pas de tal­ent spé­cial: échecs et réus­sites ont ici le même pou­voir créateur.