Sans remonter à son usage à l’époque de la contre-réforme, il y aurait un livre à consacré au mot “crise”. Sa dimension performative suscite bien des questions. Une manipulation politique récurrente consiste par exemple à utiliser ce terme pour installer dans les consciences la représentation d’un danger diffus afin d’asservir les volontés aux objectifs de l’économie. Mais lorsque le recours devient systématique la donne s’inverse. Une fois que les consciences ont intégré l’idée de crise celle-ci devient sentiment et influence les comportements. Ainsi, ce qui était incantatoire (le recours au mot dans le discours) devient réel, entraînant une crise véritable.