Mis un point final au manuscrit de Fordétroit. Une affaire bien menée, une écriture enthousiaste. Quand je songe aux tergiversations que suscite la reprise du roman. Que de tâches n’inventè-je pas pour retarder le moment d’y travailler. Dès lors pour quoi y insister? Je ne sais pas. Il est là, achevé ou presque, et cela depuis deux ans. Le plus étrange est que je le crois bon. A ce jugement se mêle un fort sentiment d’inutilité. Il me semble corrigé le texte d’un autre. Un chapitre et j’éprouve des haut-le-cœur. Alors que le livre sur Détroit… Inséparable des errances dans la ville, lumineux, satisfaisant. Un miroir. Le nuit, comme je ne peux dormir, je cherche le titre de la première partie. C’est un jeu plaisant car je sais que je vais aboutir. Avant le départ, dans le carnet qui m’a servi à noter les premières phrases, j’avais inscrit ce titre. Or il a disparu. J’ai beau feuilleter les dix pages annotées du carnet, il ne s’y trouve plus. Il me faut un mot en cinq syllabes (pour l’effet de symétrie le titre de la deuxième partie: décarcération) qui signifie à la fois “voiture” et “fermeture”. A la fin — trois jours et trente néologismes — j’opte pour immofermeture.