La régie appelle. Les palettes, dans le garage, c’est à vous? Et de m’expliquer que cela gêne: le voisin ne peut se garer.
- Et pour cause, il ne sait pas conduire?
- Je crois que vous avez déjà eu des ennuis avec lui?
- Oui, il m’a enfoncé quatorze fois ma voiture.
- Mais depuis?
- Rien. La police a fait son constat, il est responsable, il va payer.
- Ah, je croyais… Parce que sa femme n’ose plus sortir dans le jardin.
- Sortir dans le jardin?
- Oui, elle a peur.
- Extraordinaire.
- Bref, pour ces palettes?
- Je vais les déplacer.
Sur ce je laisse passer deux jours. D’une part je manque de temps, d’autre part je ne sais où ranger les trois cent cadres rangés sur les palettes, mais aussi par principe. Et l’avant-veille du départ pour l’Espagne, j’attrape mes gants et je descends dans le garage où je constate que le voisin, incapable de manœuvrer pour gare sa voiture à sa place, l’a alignée contre les palettes. Je pourrais déplacer mon matériel en le passant par dessus le capot de sa voiture, mais il est tout de même question de quelques trois cent kilos. Je sonne à sa porte. Pas de réponse. Je sonne encore. De retour au garage, je m’attelle à la tâche. Deux heures plus tard, lorsque je remonte à mon appartement éreinté et suant, le voisin et sa femme m’attendent sur la pas de portes encadrés de deux policiers. Ceux-ci me demandent s’ils peuvent m’accompagner. Je les en prie.
- Ils nous ont appelé car ils ont peur.