Balade sur le chemin de Lorette avec les enfants. Voici venu l’âge des résistances. Ils n’osent pas s’opposer, mais rechignent. Dans la descente des escaliers du funiculaire déjà Aplo se tient avec ostentation à vingt mètres de distance, les bras ballants et l’air embêté. Luv que je tiens pas la main ne me fait pas meilleure grâce. Un instant la curiosité d’Aplo est éveillé par des adolescents qui ont gagné à la nage un groupe de rochers au milieu de la Sarine, puis il se souvient et affiche sa fatigue. Le chemin de Lorette offrant une belle pente, cela n’arrange rien. Comme tout ceci est nouveau, je ne sais trop comment réagir et me contente de les inciter à presser le pas. Mais– je m’en doutais — à mesure que nous nous éloignons de la ville, ils oublient leurs griefs, profitent de la vue sur le basse-ville, visitent la chapelle de Lorette et dans la forêt de Bourguillon s’intéressent à la piste d’obstacles. J’ai compté une heure et demie pour rejoindre la pisciculture du Gottéron; le calcul est arbitraire puisque je n’ai jamais fait la balade. Ainsi je dois m’enquérir auprès d’un couple sorti d’un champ de blé du sentier qui permettra de rejoindre la rivière ce qui ne manque pas de m’attirer des railleries sur la “petite marche”. Vingt minutes plus tard nous traversons un plateau d’orges ondoyants avec pour seule limite les montagnes bernoises et le ciel: un endroit splendide. Cette beauté dont s’enthousiasme Aplo met fin à toute prévention et nous courons torse nu, moi devant, Luv entre deux, Aplo fermant le cortège, les quatre kilomètres d’escaliers et de passerelles qui jalonnent les gorges du Gottéron jusqu’à la place St-jean où dans un grand clame (les citadins ont déserté la ville pendant ce week-end de Pentecôte) nous buvons des limonades et de la bière Cardinale servie dans un bock de grès.