Dimanche

Chez l’oph­tal­mo­logue. En bas devant l’hôpi­tal, assise au soleil, ma mère lit un roman. Dimanche. La tête posée dans une machine. La tra­duc­trice, en français:
- Le doc­teur dit que l’iris n’est pas touché.
- Je com­prends l’alle­mand.
Le médecin donne alors ses recom­man­da­tions pour le voy­age en avion et le retrait des fils. Heureux de pou­voir par­ler l’alle­mand ou tout sim­ple­ment, de pou­voir par­ler une langue. Il cherche des mots dans le dic­tio­n­naire, se con­fronte au français. La tra­duc­trice, très droite, habil­lée à la façon d’une maîtresse d’é­cole des années 1950. Pour arriv­er jusqu’à eux, il faut suiv­re une ligne rouge tracée au sol. Les couloirs sont vides. Mon oeil est fer­mé, les cils tenus par des cail­lots de sang.