Triche

Aujour­d’hui un pre­mier résul­tat tan­gi­ble aux tribu­la­tions de cette agent immo­bili­er de l’Ain, une femme por­tant coupe au car­ré que je n’ai vue qu’en pho­togra­phie sur inter­net et qui s’oc­cupe depuis deux ans de pro­pos­er à la vente le pres­bytère de Lhôpi­tal. Le télé­phone sonne, un acheteur qui a vis­ité trois fois en sa com­pag­nie s’an­nonce. Mais aus­sitôt sur­git un prob­lème. Il me demande, rien de plus naturel, quand nous pour­rons nous ren­con­tr­er sur les lieux afin que je lui donne quelques expli­ca­tions. Et ma réponse, “je ne peux venir “, suiv­ie d’une expli­ca­tion néces­saire mais que je ne sais trop com­ment tourn­er, me résolvant à dire avec sincérité les faits, le désor­dre judi­ci­aire et sa fac­ulté de trans­former n’im­porte quelle faute bénine en un imbroglio poten­tielle­ment dom­mage­able pour le prévenu. Mon inter­locu­teur dont l’ac­cent sem­ble indi­quer qu’il est du sud ne paraît pas se for­malis­er, mais je lui imag­ine un soupçon qui ne me sem­ble para­dox­al qu’à pre­mière vue: dès lors que la plu­part des Français trichent, s’ex­primer avec sincérité plutôt que trich­er est encore une façon de tricher.