Lit et robinets.

Jeu­di Frère appelle pour une livrai­son urgente. Je me rends à la ferme famil­iale de Chapelle en voiture, trou­ve la clef, com­pose son numéro. De Rome, il me guide à tra­vers le stock de robi­net­terie entre­posé dans le garage.
- A droite, le car­ton blanc, tu prends deux sid­u­os, au-dessus une douchette, à gauche un mit­igeur…
Ain­si de suite.
- Nous ne gagnons presque rien, mais il faut soign­er les clients…
 J’emballe, porte au feu­tre l’adresse du dépan­neur en san­i­taire, descends à la poste de vil­lage, lave la voiture, reprend l’au­toroute à Vaulruz, sors à Marly, m’ar­rête chez Ligne Roset et me balade par­mi les canapés, les lits, les chais­es. Un lit dou­ble me plaît, je fais ouvrir le nuanci­er. Le directeur accourt, prend l’af­faire des mains de la vendeuse, me con­sid­ère: pan­talons de chantier, bottes, anorak, out­ils. — Le lit m’in­téresse, je vais rap­pel­er.
Ven­dre­di, same­di, lun­di. Je ne rap­pelle pas. Quelque part il m’a sem­blé voir un mate­las de 160 cm. Dans l’un de nos bureaux ou à la cave, ou encore en France, chez moi. Or, il a dis­paru. Frère con­firme: il l’a emporté dans son chalet.
Mer­cre­di le directeur des meubles me relance. Je dis que je ne retrou­ve pas mon mate­las, mais que je vais acheter ce lit.
- Lequel?
- Le plus cher.
Le directeur est sat­is­fait. Moi aus­si. Acquérir ain­si, sur un coup de tête, du matériel cher, m’a tou­jours sat­is­fait. A l’in­verse, ven­dre cher ce que je pos­sède, m’a tou­jours déplu.