Mois : février 2014

Rendez-vous

Si j’avais à don­ner ren­dez-vous dans Khao San Road, sans même pré­cis­er si je suis femme ou homme, je dirais: c’est facile, je ne suis ni tatoué ni Thaï!

Antiterrorisme

L’an­titer­ror­isme comme mode de gou­verne­ment suc­cé­dant à la guerre froide devait être validé par un événe­ment objec­tif et trau­ma­ti­sant. Les con­seillers de la famille Bush ont mis sur pied l’opéra­tion du 11 sep­tem­bre 2001.

Efforts

Lorsque je présente, con­tent de moi parce que c’est le fruit d’un long effort, une idée orig­i­nale et que je m’ef­force d’en trac­er les con­tours, Gala:
- C’est ce que j’ai tou­jours pensé.

Eloges

En France comme en Suisse, mul­ti­pli­ca­tion des arti­cles et des enreg­istrements radios sur easy­Jet, et tous élo­gieux. Autant de jour­nal­istes qui — à la paru­tion de l’es­sai — jureront ne jamais avoir prêté la moin­dre atten­tion à ce que j’écris.

Enfants

M’aperce­vant au télé­phone que mes enfants entrent dans cet âge où le père ne sait plus que dire et qu’il lui fau­dra, jusqu’à ce qu’il soit à nou­veau réu­ni à eux dans le monde des adultes, les aimer en silence.

Supermarché

Arrivé à Fri­bourg en mat­inée. Rues vides, ciel plu­vieux, armoires vides. Je vais au super­marché. Je déteste cela, mais Gala vient de pren­dre l’avion, elle est fatiguée. Choc lorsque la porte coulis­sante s’ou­vre sur les vict­uailles exposées. Est-ce un cimetière ou un musée d’art contemporain?

Train

Petite fille dans le train Genève-Fri­bourg qui demande à ses par­ents:
- Est-ce qu’il peut reculer?

Plaisir

Plaisir de recopi­er ceci: c’est par la parole que le monde progresse.

Amis

Fatigué des incon­séquences de Gala, pris de colère et donc fer­mé, je m’aperçois soudain que je suis assis dans cet salle d’embarquement d’Abou Dabi à deux sièges de mes amis Marc et Dinala. Aus­sitôt je me lève et file.

Musulmans

Dans les couloirs de l’aéro­port d’Abou Dabi, à 2h30 du matin, des cen­taines de chap­er­ons bleus por­tant des bavettes. Ce sont des pra­ti­quantes musul­manes. Leurs hommes por­tent le galurin javanais. Ces derniers m’ar­rivent à l’ais­selle et guident cha­cun trois ou qua­tre épous­es qui elles mêmes leur arrivent à l’ais­selle. Ces pau­vres Indonésiens dont la gen­til­lesse n’est pas à démon­tr­er sont per­dus. J’imag­ine qu’ils ont grat­té les fonds de tiroir pour venir jusqu’i­ci faire révérence devant une star incon­nue de l’Is­lam dont les autorités religieuses ont réus­si à ven­dre la répu­ta­tion. Et comme les Emiriens ont tout ce qu’il faut pos­séder (des super­marchés, des voitures, des mon­tagnes russ­es et des pati­noires) et un énorme com­plexe, ils hurlent sur ce trou­peau affolé afin de le diriger vers la porte de sor­tie et l’avion.
- Go now!
Un paquet de femmes remue.
- This way!
Les chap­er­ons bleus for­ment un banc et con­tourne une colonne de béton pub­lic­i­taire Total.
- Run! Run!
Les hommes à galurin se retour­nent. Soudain, ils ont com­pris et répè­tent pour que cela s’im­prime dans la mémoire et déclenche l’ac­tion:
- Run, run…
Alors, ensem­ble, chap­er­ons et chap­er­on­nés courent vers la porte en s’en­cour­ageant:
- Run! Run!