Mois : février 2014

Espagne

Bon mot que rap­por­tent des Espag­nols à Paul Ther­oux au sujet des car­ac­tères nationaux et qu’il cite dans Les colonnes d’Her­cule: “Quand on croise un Gali­cien dans l’escalier, on ne sait jamais s’il monte ou s’il descend”.

Partage

Bruits de cen­taines, de mil­liers d’in­sectes au cré­pus­cule, et cela en ville, mais aus­si envol d’oiseaux, et  dès l’aube hurlements des coqs tan­dis que chante, ampli­fiée par un petit haut-par­leur noué au croisil­lon d’un mât, une voix fémi­nine échap­pée d’une concierg­erie de monastère, tous élé­ments qui vous don­nent la nature en partage.

Addiction

Car­ac­tère addic­tif des util­i­taires élec­tron­iques. L’af­faire Snow­den ayant révélé — et pour nos gou­verne­ments préférons le terme con­fir­mé — l’am­pleur de la guerre tech­nologique que les Etats-Unis mènent con­tre le monde, le prési­dent français a décliné la propo­si­tion de ses ser­vices de s’en remet­tre au mod­èle de télé­phone mobile cryp­té Théorème, peu ergonomique et trop lent.

Barbares

Habi­tants de la région de Barba­gio, dans les mon­tagnes de Sar­daigne, dont aucun pou­voir cen­tral à ce jour, depuis les Romains, et cela en dépit de menées guer­rières, n’a pu obtenir qu’ils paient l’impôt.

Arrivée à Ranong

Chaleur écras­ante à Ranong. Déposés devant une quin­cail­lerie chi­noise, je place mon sac et la valise de Gala sous un abri et part à la recherche d’un lieu où dormir.
- Peux-tu déplac­er les bagage, me dit-elle, ils ont au soleil?
Offusqué, je m’en vais. A moi l’épisode pénible mais incon­tourn­able, trou­ver une pen­sion ou un hôtel. Rue pavanée de flam­beaux, marchands d’al­cools forts sous le niveau du trot­toir, vrom­bisse­ment des trans­ports col­lec­tifs qui mon­tent vers les deux ports, l’un pour la Bir­manie, l’autre pour les îles et, chose sur­prenante dans cette région dont on dit qu’elle con­naît la plus forte plu­viosité de Thaï­lande, des mag­a­sins de foot­ball. Deux touristes français et boud­dhistes, jeunes, calmes me ren­seignent. Il y a une auberge sur la colline, en face d’un parc avec stat­u­aire et tail­lis sculp­tés dans le style jardin roy­al. La fille est ravie de par­ler le français (nous avons com­mencé par l’anglais). Elle me dit qu’elle cherche une robe, mais ne trou­ve que des mod­èles 1950. Je lui mon­tre mon T‑shirt.
- Je l’ai sur le dos depuis une semaine.
Mais c’est par effet de sim­pli­fi­ca­tion; le cou­ple, lui, paie son voy­age en tra­vail­lant.
Ent­hou­si­aste, je fais val­oir que la for­mule n’é­tait pas facile à appli­quer il y a vingt ans. A part don­ner des cours d’anglais aux moines… Sur quoi ils admet­tent que tous les con­tacts se font via inter­net.
- Et que faites-vous?
- On récure, on soigne des hand­i­capés, on fab­rique des chaises…

Série

A la télévi­sion thaï­landaise, une série. L’ac­teur, jeune homme qui ignore les codes hol­ly­woo­d­i­en du genre, a le jeu lent et posé. De plus des tran­si­tions sont ménagées entre les scènes pour obtenir un effet dra­ma­tique ou pour se con­former aux moeurs locales. Quoiqu’il en soit, les images instal­lent une atmo­sphère hyp­no­tique. Or voici que l’ac­teur fixe soudain la caméra avec une telle con­fi­ance que j’ai le sen­ti­ment qu’il me regarde et va me parler.

Etres à l’arrêt

Ruang Rat road, en par­tie basse de Ranong, dans un décor de ville typ­ique de la Thaï­lande, mais somme toute proche du nôtre, avec son traf­ic insis­tant, ses pié­tons, ses mag­a­sins (et non pas bou­tiques) cette capac­ité, chez nous oubliée, qu’ont cer­tains indi­vidus d’être à l’ar­rêt, debout appuyés con­tre un mur ou assis sur le per­ron, le regard fix­ant suc­ces­sive­ment les motifs qu’of­fre la rue, mais sans aucune vel­léité d’ac­tion et ceci pen­dant des heures, des jours.

Chumphon

A Chumphon, nous atten­dons le bus dans un garage amé­nagé en bureau, assis sur une ban­quette face à trois employés. L’un dort la tête dans les bras, un autre mange, le chauf­feur guette la rue à la recherche d’autre voyageurs. Le bus est annon­cé pour treize heures. Pour l’in­stant, nous sommes seuls. Quand la dame a fini son riz, elle explique:
- Nous par­tons à l’heure si nous avons cinq pas­sagers. Qua­tre à qua­torze heures, trois à quinze heures… Vous com­prenez?
Je fais le cal­cul: si per­son­ne ne vient, nous par­tirons pour Ranong à seize heures, donc dans qua­tre heures.
Quelques min­utes plus tard Gala se lève.
- Il va être l’heure, plus per­son­ne ne vien­dra, lais­sons-leur nos bagages et allons nous promen­er!
Je pro­pose d’at­ten­dre un peu. Sage déci­sion. Soudain le chauf­feur saisit nos sacs et nous embar­que, le bus dépasse le marché, prend l’av­enue, un pas­sager monte, il redé­marre, plus loin il ramasse une mère et son nour­ris­son et en cam­pagne un cou­ple. Or aucun télé­phone n’a son­né, aucun sig­nal appar­ent n’a sem­blé con­tre­car­rer la déci­sion d’attendre.

Argent

Avoir de l’ar­gent et ne pas devenir un lâche.

Toboggan

Sur ce tobog­gan a coulé beau­coup d’encre.