Nayan Hill

Sur la port de Ranong, une fois que tous les taxis sont par­tis, nous com­mençons à négoci­er les prix. Il est vrai que nous ne savons pas où nous allons. A en juger par les pho­togra­phies, l’adresse est dans la mon­tagne. Une bière à la main, l’air indif­férent, nous atten­dons. Enfin une voiture nous embar­que. Dix francs. Nous con­tournons la ville, tra­ver­sons les faubourgs. Bien­tôt, une épaisse végé­ta­tion envahit la route. Le chauf­feur con­duit la tête à l’ex­térieur. Avec le génie habituel des thaï­landais, mais aus­si le calme, il désigne une baraque sans enseigne. Elle paraît inhab­itée. Je paie. A l’in­stant où le taxi fait demi-tour, un jeune sur­git.
- Mr Alexan­der?
Il jette les bagages sur le pont d’une jeep, nous fait mon­ter, démarre. Il n’au­ra pas à pass­er la vitesse. L’hô­tel est là, der­rière de grands arbres, au-dessus d’une cas­cade, à quelques mètres. Je rou­vre la por­tière que je viens de cla­quer. Endroit étrange et superbe, niché dans le creux d’une source. Le jeune homme court: il ouvre un bun­ga­low énorme, apporte du thé, met l’élec­tric­ité, apporte une stéréo, fait tourn­er un disque améri­cain, appelle son amie. Je demande s’il y a de la bière. Il monte un escalier, dis­paraît par une porte basse qui donne sur la jun­gle, apporte des bouteilles. Et pen­dant ce temps, la fille me mon­tre les clichés qu’elle a pris au Cow­boy fes­ti­val. Thaïs coif­fés de cha­peaux qui simu­lent des entrées en ville, avec chevaux, armes et gui­tares, vil­lages de far-ouest recon­sti­tués.
- Dans la val­lée, dit la fille, nous irons ce soir si vous voulez!
Elle me mon­tre un homme au teint mat qui porte des rou­fla­que­ttes. Lem­my en des­per­a­do.
- Mon oncle.
Puis elle s’in­quiète de savoir ce que nous allons manger. Pas de carte, pré­cise-t-elle, nous avons tout.
- Cur­ry jaune?
Elle note.
- Pastèque…?
- Et… une soupe? Du riz? Blanc le riz ou frit?
Nous voici instal­lés au bout d’une table de douze cou­verts sculp­tés dans un bois lourd. Les pois­sons nagent dans la cas­cade et chaque fois que je com­mande une bière, le jeune homme enfourche sa moto et va au stock.