La nourriture étant généralement médiocre et l’assiette internationale peu souhaitable, trouver un établissement où se restaurer au centre de Siem Reap tient de la prouesse. Si au moins il y avait les apparences, mais elles sont trompeuses. Cela me rappelle les pays communistes: Hanoï en 1990, Budapest en 1987. Les patrons investissent dans les enseignes, les plantes en pot, le mobilier, les nappes.
- Celui-là m’a l’air bien, qu’en dis-tu?
Et le piège se referme: des restes accommodés avec du riz réchauffé.
Mais il y a pire: la fausse bonne surprise. Un restaurant. Plus chic, plus cher. Gala consulte la carte. Elle vante les plats. Nous entrons. Elle va s’asseoir. Je la retiens. Trous serveurs aux fesses, je traverse le restaurant. Au fond, réunis autour d’une table en terrasse, des dîneurs finissent leur repas.
- Excusez-moi, est-ce bon?
Ils sont unanimes. C’est délicieux!
La question pertinente, subsidiaire, nécessaire serait: “d’où venez-vous?“
S’ils sont Américains, Australiens, Anglais, il faut prendre les jambes à son cou. Mais nous voici installés. Les plats viennent. De la cuisine nouvelle. Au Cambodge? Non, à Siem Reap. Coulis de jus de viande en arabesques savantes sur des assiettes plus larges que ma poitrine, verrines, bière millésimée. Puis on regarde autour de soi. Texans qui parlent à l’encan et sont probablement venus sauver le monde, routards en short, touristes du sexe avec leur femme de rapport.