Reçu hier les voeux de Richard Berréby, le directeur des éditions Allia. Je prenais ici, en début de semaine, une note sur la phrase, tirée du texte easyJet et placée en quatrième de couverture: en somme et au final… Or, la voici intégrée dans la formule de voeux de la maison sous cette forme: Pour les livres comme pour le reste, en somme et au final, c’est une affaire de style. Ce qui renvoie à la question de l’honnêteté littéraire, qu’il faudrait d’ailleurs plutôt nommer “sincérité”, telle que je croyais pouvoir la pratiquer dans les premiers livres d’Etapes. Cette phrase, comme tant d’autres, organise une rapport inconscient au réel. La maturité étant alors vérifiée par l’idée qu’il est possible en littérature de fabriquer de la sincérité, mais pas de se montrer sincère. Et l’autofiction n’échappe pas à la règle; elle se contente de la pervertir. Reste le cas du journal, enquête séparée, paralittéraire. Gide est peut-être celui qui, sans sortir du projet esthétique, aura le mieux approcher la sincérité; mais là encore, peut-on vraiment en juger? Calaferte, lisant le journal de Julien Green, questionne avec curiosité et dédain le projet du romancier de tout dire, et remarque aussitôt que l’auteur catholique, à travers les milliers de pages qui composent cette confession, s’est arrangé pour ne jamais évoquer son homosexualité (courage de Gide en ce domaine). Quoiqu’il en soit, il est flatteur de trouver l’une de ses phrases ainsi réappropriée. Souhaitons que le livre ne trompe pas les espoirs de l’éditeur.