Sans un mot

Hier j’en­voie le Trip­tyque à un ami ancien. Dans la nuit, m’ap­pa­raît sa femme, que je con­nais de même, depuis de longues années, incar­na­tion de cette bour­geoisie qui priv­ilégie la forme sur le fond et préfère la réus­site à la vie. Or, je tombe. Est-ce d’un avion ou à tra­vers une trappe, j’ai dans tous les cas, un sen­ti­ment d’aspi­ra­tion comme on en ressent dans les rêves qui tour­nent au cauchemar. Je tire alors de ma poche un sac de super­marché, le sai­sis par le poignées et le place au-dessus de ma tête pour en faire un para­chute. Quelque peu ralen­ti, je me pose dans le salon de mes amis. La femme est là. Son pre­mier geste est de s’as­sure par un regard cir­cu­laire qu’elle veut dis­cret que per­son­ne n’a remar­qué mon intru­sion, puis sans un mot, elle lève le bras et m’indique la sortie.