La rage est une qualité. Elle est aussi une forme du désespoir. Tout argument, toute discussion, échouant devant le mur du réel, survient la rage. Ici, rage secondaire, tout sauf primitive. Que s’ensuit-il? Les jugements qui demeurent sains sont contagiés. La rage les pervertit, les emporte, les simplifie, en fait de la rage. Ainsi, qui veut bien s’accorder avec sa rage, ou du moins la tolérer en soi, trouve bientôt son esprit négativement disposé, délivrant des jugements qui tirent au noir. Inversons la donne; ce mal qui ronge et phagocyte, remplaçons-le par la bienveillance. Le même phénomène se produit. Les jugements se distendent sous son effet, leurs éléments perdent tout rapport au réel, entre soi tout rapport mécanique. Dans un cas comme dans l’autre, le sentiment produit la déraison.