Présentation

Libraire du Boule­vard à Genève. Présen­ta­tion d’easy­Jet. Qu’un lecteur se déplace, con­sacre du temps, s’in­téresse au sujet qui m’a retenu me paraît improb­a­ble. Pour­tant quinze per­son­nes atten­dent que je prenne la parole. Para­doxe de la sit­u­a­tion, elles n’ont pas lu le livre. Si je sais les con­va­in­cre de son intérêt, elle l’achèteront. Mais que peut dire un auteur? Il a écrit. S’il avait quelque chose à ajouter, il aurait fait des phras­es. Au fond je n’aime ni lire ni écouter. Lorsque vient mon tour de pren­dre place sur une chaise, face à un écrivain, je n’ai qu’une pen­sée: fuir. Ou alors dis­cuter. easy­Jet étant un texte didac­tique, le dire à haute voix n’au­rait d’ailleurs aucun sens. Ce que j’ai fait val­oir. Mais main­tenant il me faut le présen­ter, et c’est encore pire. La sit­u­a­tion se répète le lende­main à La Chaux-de-Fonds. Thomas Bou­vi­er lit des pas­sages de Amer­i­ca Lone­ly. L’écri­t­ure est belle, intro­spec­tive, musi­cale. Quand vient mon tour, j’ai la gorge nouée. La seule échap­pa­toire serait de théoris­er, de tenir le dis­cours sur le low-cost pour acquis et de le pouss­er dans ses retranche­ments. Une solu­tion de facil­ité et une forme de mépris. Alors je manie les effets de pub­lic­ité, la redon­dance et les anec­dotes, tout en me promet­tant de ne pas recom­mencer l’ex­er­ci­ce lors de la paru­tion des prochains livres.