Mara

A bord de ce même avion, fille étrange, à la fois repous­sante et sen­suelle, qui me rap­pelle en tout Mara. Elle quitte le siège où l’hôtesse l’a placée, se love en chien-de-fusil sur deux sièges libres, se cou­vre, s’en­dort. Réveil­lée, elle réclame du café, de l’eau, un crois­sant. Elle n’est pas arro­gante, mais naturelle. Le monde lui appar­tient, inutile de le revendi­quer. Main­tenant elle se maquille, sort d’une trousse plusieurs pots de crème, enduit son nez, ses pom­mettes, masse son men­ton. Elle a un vis­age plein de car­ac­tère, presque félin. Une sorte de vie instinc­tive. Croisé avec ses vête­ments de bour­geoise et la petite four­rure qu’elle porte autour du cou cela pro­duit un effet ambigu. Lorsqu’elle en a fini avec les crèmes, elle se touche les pieds. Plus tard, lorsque je la regarde, elle se tient droite, le regard lumineux, mais a les jambes grandes ouvertes. Et à Abu Dhabi, alors que nous atten­dons au milieu de mille pas­sagers, elle dépasse la foule et dira avec un tel naturel au gar­di­en qui l’ar­rête “mais enfin, que se passe-t-il ici?”, qu’il la lais­sera passer.