Juliet

Lec­ture du dernier vol­ume paru du jour­nal de Charles Juli­et, Apaise­ment. Voilà dix ans que je fréquente l’au­teur. Il demeure pour moi un mys­tère. La trans­parence de la voix dans L’an­née de l’éveil m’avait intriguée. Ce que racon­tait le texte était sans intérêt. Sorte de Bil­dungsro­man, dans une forme  désuète. Puis les notes du jour­nal, pris­es de la même plume, m’avaient retenu. Au pays du long nuage blanc, recueil de notes liées à une rési­dence à Weel­ing­ton m’avait paru vain, d’au­tant plus que la Nou­velle-Zélande est à mes yeux le pays vain entre tous. Je retrou­ve mes doutes à la lec­ture de ce nou­veau vol­ume du jour­nal. Ecri­t­ure d’un écol­i­er, pro­pos naïfs qui ne le sont pas qu’à moitié puisque l’au­teur, plus d’une fois, remar­que: on va dire que je suis naïf… et ici et là, notes niais­es. A la lim­ite, le lecteur se demande si Juli­et, âgé, porté par un cer­tain suc­cès de librairie, ne fait pas son pen­sum sur la demande de l’édi­teur P.O.L., s’as­treignant à couch­er sur le papi­er quelques lignes chaque jour. Puis une note relance la lec­ture et on se prend à vouloir con­naître la suite. Ou alors, ce que je juge niais est l’empreinte sur cet esprit d’un chris­tian­isme fonci­er, un peu moral­isant mais sincère? Il y a égale­ment cette intéri­or­ité dont ne cesse de par­ler Juli­et, et ce depuis le début de l’oeu­vre. Elle ne devient jamais sub­stance, rap­port plein, elle flotte, crée des états, un peu comme les ros­es de Berthe Morisot. Or, Juli­et s’en fait toute une reli­gion. Qui, si cela se trou­ve, n’indique qu’un seul dieu, l’écriture.