Dans le jardin de notre immeuble de la rue de Jean-Gambach se trouve une hampe de drapeau. Elle culmine à quinze mètres et si sa base n’était pas déportée sur le côté, elle barrait la fenêtre de mon bureau. Au vu de son importance on se doute que seuls quelques bâtiments officiels de la Ville comportent de telles installations d’où la question: à quoi peut-elle bien servir dans un jardin privatif? Plus avant, je me demandais quel drapeau faisant consensus pourrait être hissé sur cette hampe. A la date de la fête nationale, le drapeau suisse. Et puis? Aucun signe politique. D’abord parce qu’il est improbable que les autres locataires de l’immeuble, au nombre de trois, tous cependant de profession libérale, ne partagent les mêmes vues, ensuite parce qu’il est impossible qu’ils partagent les miennes, lesquelles feraient porter à cette hampe un drapeau noir ou encore une croix celte. Ensuite parce que l’exhibition de signes politiques, idéologiques ou commerciaux — chacun de ces cas nécessitant une traitement différencié — de la part de privés est réglementée, si ce n’est par l’Etat par le propriétaire ou la régie. Et au-delà? Si on hissait un drapeau de couleur unie ? Oui, mais à quoi bon hisser une drapeau qui ne fait pas sens, est-ce encore un drapeau?