Doute

Ce film sur un con­damné à per­pé­tu­ité. Sa femme a été retrou­vée morte dans l’escalier. Lui était au jardin. Le Min­istère pub­lic affirme qu’il l’a frap­pée à l’aide d’un tison­nier. Pour preuve, les six blessures au crâne. La chute ne peut en être la cause. L’homme accom­plit dix ans de prison. Il est soutenu par sa famille. Son frère, ses deux filles adop­tives, son fils. La fille de la vic­time, issue d’un pre­mier mariage, croit à la thèse de l’as­sas­si­nat. Le film mon­tre des images d’archives. Un bon papa. Puis le réal­isa­teur filme le con­damné en prison. Il ne cesse de sourire, pas un faux pas. Il pleure quand il faut pleur­er, réflé­chit quand il faut don­ner son opin­ion. Appel. Les experts se bat­tent pour con­va­in­cre le jury. A ce moment-là, je partage le doute des uns et des autres. Mais voilà que l’av­o­cat de la défense, acquis à l’idée que son client est inno­cent, plus que cela, mil­i­tant à tra­vers son cas con­tre les dérives d’une cer­taine jus­tice, en pra­ti­quant des recherch­es, décou­vre que l’un des experts en tach­es de sang cité au pre­mier procès, celui qui a valu con­damna­tion au sup­posé meur­tri­er, a truqué les preuves. Bien. Or, dans le même temps, il met à jour deux élé­ments neufs: la pre­mière femme du con­damné, est morte 17 ans plus tôt de la même façon. Elle est tombée dans un escalier alors que le cou­ple vivait en Alle­magne. Autre chose: l’av­o­cat décou­vre à son client des rela­tions homo­sex­uelles avec des mil­i­taires. La famille tombe des nues mais min­imise. Après tout, cha­cun a droit a sa vie intime. Soit. Le procès en appel ne trait­era que des analy­ses des tach­es de sang. Pour moi, je ne fais plus aucun crédit à cet homme par­fait, à ses sourires, à sa pos­ture de sac­ri­fié. Une dou­ble vie aus­si bien organ­isée ne peut man­quer de plaider con­tre lui. Une heure et demi de doc­u­men­taire. J’ar­rête la pro­jec­tion. je ne sais pas l’is­sue du sec­ond procès. Je pari­erais qu’il a été relâché. Il ne tuera plus, certes. Et l’af­faire dis­paraî­tra dans les annales de l’his­toire judi­ci­aire améri­caine. S’il est l’as­sas­sin de sa femme, sa fac­ulté de men­songe est excep­tion­nelle, et relève du cauchemar.