Apprenant qu’on emmène mon fils voir deux spectacles de théâtre, je prends aussitôt le téléphone et persuade sa mère de le retenir à la maison, promettant de rédiger à l’intention du professeur une dispense. Car enfin, apprendre qu’on mène son enfant écouter et voir du Shakespeare et du Rousseau (soit dit en passant, comme s’il s’agissait d’un dramaturge) est compréhensible, mais entendre que dans le premier cas, la pièce est mise en scène par Omar Porras (personnage dont la place est dans un cirque) dans une version chinoise surtitrée, et que pour le second cas, la présentation est le fait de Dominique Ziegler, écrivain au talent pataud, a de quoi fâcher. La liberté atteint ici son degré le plus bas: l’inertie est facteur du choix. Sont présents dans le milieu théâtral (huile de coude), Omar Porras et Dominique Ziegler, c’est donc eux qu’on va solliciter pour introduire les élèves à la grande littérature. Et puis, rien de tel — croit-on — que de faire appel à de grands enfants pour parler aux enfants. Triste démarche.