La mémoire est sans mesure, elle retient tout. Son poids ascendant nous épuise. (Et si l’on mourrait bientôt parce que son poids épuise nos élans?) Lorsque je scrute son contenu, je dévoile des figures oubliées, mais c’est surtout par incidence que le passé revient devant mes yeux me persuadant de son infinie capacité. Dans les moments calmes et la nuit plus encore, surgissent des images et des sons, enregistrements de situations et de sentiments anciens et fugaces, avec lesquels il m’est loisible de renouer pleinement. Cette expérience montre une mémoire gorgée de réel qui saurait, pour peu que nous la sollicitions avec efficace, nous restituer du premier au dernier instant toute notre vie.