La colline aux vingt écoles. Et au milieu, mon bureau. Au garage, les affiches. Plusieurs fois par jour, je descends, traverse le jardin, empile et trie, remonte. En hauteur, derrière les baies vitrées du collège Gambach, les élèves, dont je vois les bustes, les têtes immobiles. Et au pied de leur immeuble, des pelles à la main, les concierges. Je me souviens alors de l’impression que me faisaient ces mêmes concierges, il y a trente ans, lorsque j’étais immobile, sur ma chaise, devant mon pupitre, à Lausanne, au collège du Belvédère, et que je regardais par la fenêtre. Leur liberté de se mouvoir me semblait extraordinaire. Et en même temps, je mesurais leur rapport à la clôture, la répétition de leur vie, le poids de leurs machines, de leurs pelles. Ce que j’enviais dans l’instant, je le voyais là-bas, derrière la clôture et il me semblait qu’eux n’y avaient pas accès.