Le matin, lorsque je me redresse dans le lit, j’aperçois au sud la ligne des Alpes, vers l’est, la colline du Schönberg et de l’autre côté de la rue, trois maisons de maître aux architectures gothiques, jugend stil et caserne-école, mais surtout, je ne vois plus le trafic incessant des piétons braillards qui, avinés ou seulement vaniteux, en chemin pour le centre théâtral de la ville, répétaient leur rôle dans la rue commerçante du Criblet. Si je choisissais la mauvaise fois, c’est sans peine que je pourrais me figurer que ces gens sans langage ni habits ni direction (le gormiti), n’existent pas; c’est dire si la technique d’isolement social à l’américaine que pratiquent au long de l’année les technocrates de notre démocratie supra-parlementaire qui siègent à Bruxelles voue d’emblée à l’échec toute leur politique — ce dont, en thuriféraires de la mauvaise foi, ils n’ont cure.