Krav Maga II

Je ne sais plus l’heure. D’ailleurs je ne trou­ve pas mes mon­tres. Toutes se ressem­blent. Ce sont des Casio. Elles sont noires. Il fait nuit. Je cherche l’in­ter­rup­teur. Pas d’élec­tric­ité. J’ou­bli­ais, c’est le nou­v­el apparte­ment. Je vais man­quer le cours de Krav Maga. Enfin je me réveille. Je suis assis sur une cou­ver­ture, la tête lourde, le corps entouré de nour­ri­t­ure: tranch­es de jam­bon, fro­mages, pains, carottes. Surtout des fro­mages. Des écol­iers, suisse-alle­mands et désar­gen­tés, attendaient mon sig­nal pour se pré­cip­iter sur le pique-nique. Ils man­gent, puis se reposent. Ensem­ble nous  regar­dons une vidéo. Elle porte le sceau de l’E­tat. Celui-ci met en garde les jeunes: ne com­mu­niquez jamais les codes d’ac­cès de vos cartes de crédit à un incon­nu, don­nez-les à l’E­tat, il vous pro­tégera. Ce qu’ils font aus­sitôt. Leur naïveté me laisse per­plexe. Ain­si vont les choses: les imbé­ciles obtem­pèrent aux ordres les plus absur­des. J’a­joute à part moi: c’est fou ce que peut une mod­este séquence de dessin ani­mé! Quand bien même on par­lerait à ces jeunes de mécanique des flu­ides ou de sta­tis­tiques, ils regarderaient sans per­dre une miette du dis­cours tant les fascine le dessin ani­mé! Un peu dégoûté, je les aban­donne et me rend dans une librairie d’an­cien. J’en­tre. Un homme est assis dans la bou­tique. Je me penche sur un ray­on­nage à mi-hau­teur, lis la tranche des livres. Ker­ouac. Bien. Ker­ouac. Encore? Et ceci? Manuel…  Je me penche. Mais une petite lampe s’al­lume, m’éblouit, m’empêche de lire. Je pro­tège mes yeux. Manuel d’éro­tisme ésotérique. Ah! Je m’empare du livre cou­vert de pous­sière, mais ne peut l’amen­er jusqu’à moi: la toile d’araignée qui l’enserre le retient. Je tire, la toile remue et me le reprend des mains. Et le Manuel retrou­ve sa place, sur le rayonnage.