Cet ami dont je trouve le nom sur un programme théâtral que je distribue ces jours. Résumé de la pièce: deux immigrés venus fraîchement en Europe confrontent leur rêve à la réalité quotidienne de nos pays. Littérature de mondialisation. Sous-genre de la propagande d’empire. Mais par-dessus tout, cet ami ne quitte jamais la Suisse, ne voyage pas, et si vous prenez rendez-vous, il fixe la rencontre à deux rues, trois au plus de sa demeure, avouant avec comique, mais non sans sérieux, qu’il craint de s’égarer.
Mois : octobre 2013
Acablar
Séances de travail sur Acablar. Inquiétude à l’approche des heures d’écriture qui se traduit par une attitude concentrée, et pour ainsi dire solennelle dont j’ai conscience qu’elle est hors de propos. Les directions que le texte prend sont si mêlées que l’effort de synthèse à chaque instant requis menace sans cesse le projet. Autant je puis écrire vite, autant je suis lent lors qu’il faut débrouiller tant de pistes. J’ignore si quelqu’un pourra lire ce livre, mais il est certainement plus proche de la littérature que tout effort que j’ai pu jusqu’ici entreprendre. Valérie Solano, des éditions des Sauvages, à qui la publication est promise, fait remarquer que la plupart de ses auteurs aiment à raconter et que, redoutant le vertige initial, ils restreignent leur champ par un artifice qui, régulièrement, les mènent du genre romanesque au genre policier. Je préfèrerais cesser d’écrire.
Heinrich Blücher
Heinrich Blücher, le second mari d’Hannah Arendt, prend place dans une salle de la New School de New-York pour écouter une conférence sur Rembrandt. L’historien de l’art annoncé tarde, le public s’impatiente. Blücher se propose. Spontanément, une heure de suite, il parle sans notes de Rembrandt Les amateurs qui composent le public suggèrent à la direction de le nommer professeur.